7 juillet 2003 - Le 23 juin 2003, cinq personnes soupçonnées d'être proches des réseaux de financement d'Al Qaïda (deux Turcs, un Kenyan, un Soudanais et un Saoudien) ont été expulsées du Malawi vers le Botswana pour être remis aux autorités américaines, à la demande de celles-ci, malgré l'absence de tout chef d'inculpation devant les tribunaux du Malawi et de tout traité d'extradition avec les Etats-Unis. Cette décision a été critiquée par Amnesty Internationalet a surtout suscité l'indignation de certains éléments de la communauté musulmane et des éruptions de violence. Les émeutiers auraient pris pour cibles les locaux de l'organisation non gouvernementale américaine Save the Children, mais aussi une demi-douzaine d'églises chrétiennes. Lui-même musulman, le président Bakili Muluzi a ordonné l'intervention de l'armée. Le pasteur d'une paroisse presbytérienne à Mangochi (zone à majorité musulmane) a déclaré que les assaillants avaient accusé les chrétiens d'avoir amené les Américains au Malawi. Des lieux de culte adventiste, pentecôtiste et baptiste ainsi qu'une salle de Témoins de Jéhovah auraient subi les assauts des émeutiers. Ces événements montrent une fois de plus comment des facteurs non régionaux peuvent avoir des répercussions locales et créer aussi des solidarités transnationales. Notons cependant aussi que, selon les informations du quotidien malawite The Nation (30 juin 2003), les émeutiers auraient également saccagé les bureaux de l'Association musulmane du Malawi à Blantyre. Le 1er juillet, cette association a condamné la violence. Les musulmans constitueraient environ 20% de la population du pays, même si certaines sources musulmanes affirment que ce pourcentage est nettement plus élevé. Les récents incidents peuvent également avoir été prétexte à l'explosion d'autres tensions latentes, notamment celles causées par des activités de prosélytisme. En 1999, 18 mosquées avaient été détruites dans le nord du pays. Au printemps 2003, des groupes chrétiens affirmaient que des feuillets appelant au jihad contre les chrétiens circulaient; l'Association musulmane du Malawi avait condamné ces appels au jihad.