« Hare Krishna ! » À partir de la fin des années 1960, les habitants de grandes villes occidentales virent de jeunes dévots enthousiastes, fraîchement convertis, chanter et danser dans les rues en répétant extatiquement et énergiquement les louanges de Krishna, et en embrassant un mode de vie communautaire. L'International Society for Krishna Consciousness (ISKCON ; en français : Association internationale pour la conscience de Krishna, AICK) fut fondée à New York en 1966 par A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada (1896-1977), nouvellement arrivé aux États-Unis pour y diffuser son message spirituel. Le vieil homme trouva rapidement un premier auditoire parmi des jeunes en recherche spirituelle. À sa mort, moins de dix ans plus tard, le mouvement était déjà établi dans plusieurs pays. L'anniversaire d'un groupe devenu emblématique — par sa visibilité photogénique — des réorientations religieuses de certains secteurs de la jeunesse occidentale durant cette période a été célébré par ses fidèles, mais a aussi retenu l'attention de l'hebdomadaire The Economist (9 décembre 2016), qui s'intéresse aux adaptations du mouvement. En effet, à l'instar d'autres groupes apparus durant la même période, le mouvement a connu des changements notables, résultant aussi d'expériences et de controverses. Nombre des responsables qui prirent la tête du mouvement après la mort de Swami Prabhupada finirent par le quitter, parfois dans des circonstances agitées et traumatisantes pour leurs disciples. En 1998, dans sa propre revue, l'AICK reconnut publiquement les nombreux cas de mauvais traitements et d'abus sexuels survenus dans des internats pour les enfants de membres. On trouve à ce sujet de nombreux articles, également en ligne.
Malgré ces épisodes qui auraient pu signer la fin du mouvement, remarque l'hebdomadaire en observant la situation nord-américaine, l'AICK a survécu, a évolué et a trouvé sa place dans le paysage religieux américain. Aujourd'hui, seule une petite minorité des 50.000 à 100.000 personnes qui fréquentent les centres du mouvement vivent sur place : les autres mènent une vie familiale conventionnelle. Dans les centres, il y a moins de convertis occidentaux, et beaucoup plus d'immigrés hindous. (Cette observation s'applique également à des contextes non américains.) En effet, note l'hebdomadaire, la population hindoue a presque doublé aux États-Unis entre 2007 et 2014 : cette augmentation contribue aussi à la survie des temples de l'AICK, puisque certains hindous vont y trouver un foyer spirituel dans leur nouvel environnement. (JFM)
Sur l’évolution de l’Association internationale pour la conscience de Krishna, signalons le livre de E. Burke Rochford, Hare Krishna Transformed, New York / Londres, New York University Press, 2007 (X+284 p.).